Qu'en pense-t-on ?
Vitesse + précipitation = confusion !
Devant les nombreux problèmes posés par les radars détecteurs de dépassement de vitesse, une cellule de crise a été activée, et il va être décidé de confier cette difficile question à un ministère spécialisé.
Ce ministère, qui dépendra lui-même de celui des chevaux vapeurs, sera constitué uniquement de cette cellule de crise, implantée au sein même de l'hôpital Sainte-Anne, afin que le nouveau ministre et ses collaborateurs puissent être soignés sur place en cas de crise aigüe.
Jusqu'à présent, les choses étaient claires : on fixe une vitesse, on place un radar, on prévient les usagers qu'on a mis un radar afin qu'ils respectent scrupuleusement la vitesse à l'endroit même où se trouve le radar, et on attend les résultats.
Mais alors, qui se fait prendre ?... Portraits robots des " flashés " :
Ceux qui pensent à autre chose, juste à ce moment là ! Pas de bol...
Ceux qui s'en foutent parce qu'ils ont volé la bagnole, parce que ce n'est pas la leur, parce que c'est la société qui paye, parce qu'ils ont des plaques " bidon ", parce qu'ils habitent au fin fond de la Pologne ou de la Grèce, ... ou nulle part !
Ceux pour qui l'infraction est dérisoire eût égard à celles qu'ils commettent quotidiennement sans être inquiétés (Trafic de drogue, d'animaux, d'armes, d'influences...),
Ceux qui regardaient ailleurs (le paysage, les genoux de la passagère, le paquet de gâteaux qu'on n'arrive pas à ouvrir, l'autoradio qui a perdu la station, ...) au moment où ils sont passés devant le panneau,
Ceux qui n'ont pas vu le panneau parce qu'ils doublaient un camion qui leur a caché la précieuse information,
Ceux qui ont vu le panneau, mais occupés au téléphone n'ont pas réagit en conséquence,
Ceux qui croyaient que c'était 130, et en fait, c'était 110 (130, c'est 2 kms plus loin...),
Ceux qui l'on bien vu, mais qui, ne se fiant qu'à leur impression, ne pensaient pas rouler aussi vite,
Etc...
Donc, il y a toujours des gogos à piéger, même avec des panneaux !
Mais il reste les autres... Ceux qui ne font vraiment attention qu'au passage devant le piège !
Et là, on sent comme un début de sentiment d'iniquité. " C'est pas juste ! " diront tous ceux qui se font prendre régulièrement pour l'une ou l'autre ou plusieurs des raisons évoquées ci-avant.
Et ce cri d'injustice fait lever les yeux de quelques uns de nos élus vers les frontons des écoles, des ministères, des l'assemblées, des palais de justice... où il est écrit ÉGALITÉ !
Fichtre ! Il y a déjà tant de raisons pour que ce mot ne rime plus à rien, qu'il ne faut pas en ajouter une, surtout qu'en plus, celle là est rémunératrice !
Sans réfléchir plus avant, comme il est d'usage dans les hautes sphères, dès que l'étincelle s'est allumée dans le cerveau d'un responsable qui a fait la liaison entre tous ces mots (justice, égalité, danger, vitesse et rentabilité - ce dernier étant le catalyseur nécessaire -) on ouvre la fenêtre et l'on crie bien fort que ça va changer...
Mais comme on a crié bien fort, certains ne l'entendant pas de cette oreille, se retournent alors et répètent ce qu'ils ont mal entendu à d'autres qui vont en discuter à leur tour sans savoir vraiment de quoi il s'agit...
Celui qui a ouvert la fenêtre se fait engueuler par son chef qui n'a pas besoin de ça en ce moment, et qui lui dit que la prochaine fois, quand il aura envie de dire bien fort une connerie, qu'il laisse la fenêtre fermée.
Alors, on se rattrape aux branches pour limiter la casse. On va enlever les panneaux qui préviennent qu'il y a un radar, mais on va les remplacer par d'autres, plus amusants, qui donneront la vitesse exacte (comme ça on pourra étalonner son compteur), le montant de l'amende, le nombre de points en moins, il ne manque plus que le taux d'alcoolémie et un bilan de santé complet offert par le ministère du même métal grâce au produit de la revente des vaccins inutilisés.
Evidemment, cette mesure ne coûte rien puisque financée par les amendes elles-mêmes !
Ça c'est génial !!!
Parce qu'au ministère des finances, c'est bien connu, il y a des tirelires qui se remplissent grâce à des financements bien précis, et que l'on vide pour des causes également bien précises. Dans ce cas, par exemple, on n'aurait jamais su quoi faire de l'argent des amendes si l'on n'avait pas trouvé cette astuce pour le dépenser ! On n'aurait évidemment pas pu améliorer certains points noirs...
Non, bien sur, moins rentable.
On va donc remplacer (au pied levé, et c'est le cas de le dire, puisque ce n'était pas... prévu ?) plus de 3.500 panneaux en tôle emboutie annonçant les radars, par d'autres beaucoup plus sophistiqués, comme ça... d'un coup... 3.500 panneaux " pédagogiques " ont été fabriqués, prêts à poser... Mais par qui ? Quel est l'heureux gagnant de l'appel d'offres qui a pu avoir aussi vite ce beau marché ? Marché qui ne coûte donc rien au contribuable (voir paragraphe précédent).
Mais au fait,... pourquoi ?
Pour rattraper une connerie lancée comme ça, en l'air !
Alors pour éviter d'aller plus loin dans les marche-avant, marche-arrière, demi-tour, volte-face, une vraie valse hésitation permanente, il faut des professionnels du quadrille et c'est pour cette raison qu'une cellule de crise (qui porte là bien son nom) va s'occuper UNIQUEMENT de ce problème, sous le nom de... Ministère de la vitesse, par exemple.
Voilà ! Comme ça, il y a matière à piquer des crises, et notamment la question principale :
Pourquoi les voitures vendues dans un pays où la vitesse maximum autorisée que l'on puisse atteindre étant 130 km/h, peuvent-elles en grande majorité flirter avec les 200 km/h, voire plus pour de nombreux modèles ?
Ah....
Petit lexique du ministre : blablabla...
Comme l'a judicieusement dit Monsieur Pierre Dac, notre maître vénéré :
" Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir ! "
Aujourd'hui, un ministre, ou à défaut un député, qui ne sont plus l'un comme l'autre (mais surtout un ministre) que des porte-parole d'un chef de l'état devenu lui-même le descendant des têtes couronnées de la période ante-révolutionnaire, un ministre, donc, n'a plus besoin d'autre mot à son vocabulaire que " blablabla ".
Cela peut remplacer avantageusement n'importe quelle allocution souvent un peu longue à avaler, alors les plus courtes sont les meilleures, comme les plaisanteries ! Au lieu de faire une longue déclaration pour expliquer que " Le chômage diminue " parce qu'on a constaté une vague lueur due à un épiphénomène comme le fait que la semaine précédant Noël, on embauche tous ceux qui peuvent enfiler un costume rouge et porter une barbe postiche, ou encore que dès les premières chaleurs (fussent-elles précoces et de ce fait dommageables à divers titres) les marchands de glaces ne savent plus où donner de la tête et les cueilleurs de cerises embauchent à tout va... Les occasions de constater que le chômage diminue sont nombreuses, mais éphémères ! Je suggère donc à notre bon ministre des étoiles filantes de ne pas manquer d'intervenir le 2 mai et le 2 novembre, pour dire que ça va bien chez les fleuristes, dès les premières chutes de neige pour annoncer qu'on embauche des moniteurs de ski et des conducteurs de sableuses, à l'apparition des premières chaleurs pour signaler que les distributeurs de boisson fraîches démarrent une belle saison, ou encore au lendemain de Pâques pour révéler la bonne santé économique des confiseurs, etc, etc...
Bref !
Quand on est ministre, ou à défaut dans la majorité, blablabla signifie :
" Dormez en paix, braves gens, tout va bien ! Le gouvernement veille sur vous, restez calmes, faites nous confiance, tant que nous serons là, rien ne pourra nous... Euh, non... Vous arriver ! "
Quand on est dans l'opposition, après n'avoir pas fait mieux quand on était " aux affaires ", blablabla signifie :
" Il faut nous faire confiance ! Le gouvernement actuel est incapable de résoudre la crise, alors que nous, si nous étions à leur place, ça irait beaucoup mieux pour nous... Euh, non... pour Vous ! "
Alors quand vous écoutez un homme politique parler, coupez le son et imaginez :
Blablablablablablablablabla.
Ceci remplace les annonces sur le chômage, mais aussi sur les impôts, les radars, le pouvoir d'achat, l'immigration, l'aide à l'industrie française, les économies de l'appareil d'état, l'intérêt pour la recherche, les SDF, la politique énergétique, ... L'énumération n'est pas exhaustive, hélas.
Dites vous bien qu'un homme politique ne connaît rien, mais rien de rien sur tous les sujets évoqués ci-avant. RIEN ! Des conseillers, obscurs pour la plupart, leur soufflent à l'oreille les rudiments de ce dont leur fonction les oblige à parler. Croyez-vous que ce quarteron d'avocats qui vous dirige puisse passer du social à l'agriculture ou de l'économie à l'éducation seulement grâce aux connaissances étendues qu'ils ont dans tous ces domaines ?
L'homme politique ne sait rien de la vie courante, il n'a pas le temps d'acheter son pain, on réserve pour lui une place au restaurant où un chauffeur le conduit dans une voiture dont il ne s'occupe ni de l'entretien ni de faire le plein, on s'en charge pour lui grâce à un budget puisé dans des caisses que VOUS approvisionnez. Il n'a pas de contraventions, puisqu'il ne conduit pas. Il n'est jamais en retard, puisqu'on l'emmène là où il doit aller avec l'escorte nécessaire à rattraper le temps perdu (à quoi ?) Il ne prend les transports qu'à la vielle d'une élection et ne subit donc aucune contrainte liée à cet usage (bus bloqués dans les embouteillages, étouffante promiscuité des métros, retards désastreux des trains de banlieue, ...) Il n'habite pas un quartier pourri où l'on deale à tous les coins de rues, il n'a pas de problèmes de fins de mois, il va se faire soigner à l'hôpital Américain, bref... Il échappe à toutes les misères du quotidien mais donne des leçons de civisme à tout le monde. En voilà une position qu'elle est bonne !
Alors, blablablablablablablablabla.
Il n'y a rien d'autre à entendre ni à comprendre lorsque vous écoutez des discours politiques dont il n'y a par ailleurs rien à attendre non plus (sauf le contraire de ce qui aura été dit, pour autant que l'on ait un peu de patience et de mémoire).
Mais continuez de voter, ça assure leur quotidien (pas le vôtre...)
PS : Et si par hasard j'étais lu par un homme politique (peu de chances) de bonne foi (alors là, les chances deviennent quasi nulles) qu'il ne dise pas "eh bien si c'est la conception que vous avez de la politique..." ou encore "Monsieur, il y a des hommes et des femmes de conviction blablabla..." Ah bon ? Mais c'est bien vous, qui à force de conneries, de mensonges et de contradictions avez décrédibilisé la fonction et fatigué l'électorat !!!
Les belles traditions françaises - 2ème épisode.
Depuis le 22 avril dernier, grâce à l'incurie d'un ministre qui n'a pas vu remonter la connerie du fond des oubliettes de son ministère, celle-ci a fait officiellement son entrée au patrimoine immatériel français ! Alors, j'ai eu beau chercher des synonymes moins grossiers, genre bêtise, sottise, idiotie, stupidité et j'en passe, non... connerie est malheureusement le vocable juste ! Jusqu'à présent, on s'était contenté de tentatives matérielles anodines comme celle qui consiste à suspendre un homard en plastique à un plafond du château de Versailles, ceci n'ayant qu'un impact réduit sur les foules et les conséquences étant pratiquement sans danger pour l'environnement. Mais aujourd'hui, les occasions de glorifier l'art se faisant rares depuis la disparition des merveilleux créateurs ayant illuminé les cinq derniers siècles, il faut se rabattre sur ce que l'on a sous la main. Et à défaut de matériel, l'immatériel peut faire l'affaire ! Et puis s'il y a là de quoi contenter une frange de la population, dont certains possèdent une carte d'électeur, ce n'est pas négligeable par les temps qui courent. La frange en question, même si elle est constituée d'abrutis finis, mérite d'être préservée au moins autant que les infortunés bovins dont le spectacle du massacre constitue le divertissement. Enfin, c'est ainsi que raisonnent les autorités pensantes, puisque les taureaux n'ont pas encore le droit de vote. Préservons les traditions, ainsi qu'il a déjà été dit, surtout qu'il est question de retombées économiques... Alors, là... " Il n'y a plus qu'à tirer le cordon " comme disait ma grand-mère (grande défenderesse des traditions, puisqu'elle cachait des œufs dans le jardin à Pâques et allait porter des chrysanthèmes le 1er novembre chaque année sur la tombe de son mari...) Voyez donc ! Sauf que là, tradition rime plus avec rituel barbare que folklore bon enfant. Ce rituel remonte pour le moins au moyen-âge, époque où l'on écorchait vif pour un rien et où l'on s'assurait de la fidélité d'une épouse grâce à une ceinture adaptée ! Ah la belle époque... On comprend qu'on veuille préserver des traditions qui remontent à un âge duquel on s'est finalement peu éloigné depuis... Enfin, certains. Un demi millénaire plus tard, on brûlait vif le moine Giordano Bruno parce qu'il affirmait que la terre tournait autour du soleil, contrairement à la tradition qui voulait l'inverse. C'est vrai que la tradition ça a du bon. Du bo, du bon, Dubonnet... C'était aussi la tradition voilà un demi-siècle de boire l'apéro, même avant de prendre le volant ! Tiens, ça c'est une tradition qui se perd... Rappelons quand même un fameux principe, dont je ne suis pas l'auteur : " L'ancienneté d'une erreur ne lui donne aucune légitimité, simplement de l'âge !... " Voilà pour cette fois, Monsieur le Ministre des rituels sanglants, à mon modeste niveau je ne lâcherai pas l'affaire facilement. Laissons l'encre sécher, comme le sang au sol des arènes à la fin de ce dernier dimanche, on repassera une couche prochainement, où l'on évoquera les cons qui regardent. Parce que c'est comme pour tout, comme pour la drogue, ça rapporte, mais s'il n'y avait plus de clients, il n'y aurait plus de trafiquants.
PS Bis repetita :
L'agri-culture et les traditions
Le ministre des traditions qui se perdent a eu l'heureuse initiative d'inscrire la tauromachie sur la liste du Patrimoine culturel immatériel français !
Félicitons ici le ministre du patrimoine immatériel pour cette belle initiative, ainsi que le président, ectoplasme en chef au pays de l'immatériel, qui lui a sûrement inspiré cette délicate et brillante décision.
Notre beau pays ne pouvant plus inscrire grand-chose à un patrimoine matériel qui part en saucisse, tant qu'à faire dans l'immatériel, restons donc dans la charcuterie et la boucherie où nous avons encore de belles perspectives. Après avoir daubé les musulmans pour leur barbarie envers les moutons auxquels ils font leur fête chaque année, faisons notre daube nous-mêmes avec les restes des bovins coupés vifs en rondelles dans nos belles arènes.
Les traditions ! LES TRADITIONS !! EUREKA !!!
Le ministre des coups de pieds au cul qui se perdent s'est précipité, essoufflé, chez le patron... Les traditions, il nous reste les traditions !!! Nous pouvons encore sauver les traditions, mon général !
Sauvons donc les traditions et à défaut des oeufs de Pâques qui seront bientôt interdits au nom du principe de laïcité, préservons les boucheries en plein air qui attirent les épiciers, immortalisés par Brel, qui se prennent pour Néron.
Je suggère de restaurer d'anciennes traditions du style de celles qui consistaient à jeter de jeunes vierges du haut d'une roche sacrée, ou égorger un enfant pour obtenir des dieux une bonne récolte, ou rétablir les supplices comme l'écartèlement, la roue, les brodequins et pourquoi pas la guillotine ??? Mais surtout, en public ! C'est cela qui compte, que le peuple qui ne sait plus comment se distraire (ou qu'ON ne sait plus comment distraire), puisse enfin se repaître de violences et de mort dans les bonnes vieilles arènes d'antan.
Les traditions seront sauvées, même si le pays est perdu ! Le ministre est remercié pour son idée géniale par le protecteur des traditions, avec une accolade et un petit ruban rose qui fera joli sur son habit de lumière. Notez que lorsque l'habit est de lumière, le génie est dans la lessive qui a servi à le nettoyer, pas dans la tête de celui qui le porte... Ah, ben on ne peut pas être partout !
Post-scriptum :
Qu'il retourne batifoler entre Paris-plage et Phuket, là où l'intelligentzia glousse ses regrets des traditions perdues, et qu'il laisse sa place à un homme n'ayant pas besoin du Larousse Lilliput de l'Elysée pour savoir comment on définit la culture par rapport à la tradition. (ou l'inverse).
PS Bis :
Charge contre les Chinois réducteurs de charges
, par Nicolas Hublot.
Ouverte à tous les marchés, l'économie est la plus libérée des sciences modernes...
Au nom de la libre concurrence, on cultive avec bonheur le paradoxe, seule céréale pouvant pousser sans eau, sans engrais et sans subvention, encore que...
Dans la chanson exaltant ses mérites, le refrain et les couplets ne sont pas toujours en adéquation.
Il faut payer ses impôts en France ! Eh oui, cela semble une logique citoyenne de première importance pour permettre à notre cher pays de payer ses dettes, l'aide aux démunis et l'argent que chacun réclame à grands cris dans des manifestations, fort de son droit aux avantages acquis. Or ceux là mêmes qui défilent avec banderoles pour les défendre, sont souvent les premiers à rouler Coréen, à immortaliser leurs souvenirs à travers un oeil Japonais, à bricoler avec un outillage Chinois ou à ingurgiter de la nourriture ayant fait un si long voyage que seul l'emploi d'astucieux produits conservateurs permet de protéger de la péremption.
Nos gouvernants s'insurgent modérément mais avec dignité, contre ceux qui profitent traîtreusement des opportunités qu'aucune loi sérieuse ne peut combattre, en recommandant face à l'adversité un civisme dont eux-mêmes ne font pas toujours preuve.
Cela n'empêche donc pas les offres " confidentielles " de fleurir sur les télécopieurs d'entreprises, incitant chacun soit à planquer ses économies à l'abri des suppôts de Bercy, soit à faire travailler au loin ceux qui sont moins soumis à la charge des protections sociales qui nous écrasent mais dont on se glorifie par ailleurs.
Voilà deux exemples du genre de cette prose, vilaine conseillère :
La première vous incite à aller pêcher en Chine la main d'oeuvre bon marché, exempte de charges sociales si pénalisantes sous nos climats, la seconde vous propose la délocalisation qui, comme la première, vous met à l'abri de ces maudites charges sociales dont chacun est par ailleurs ravi de pouvoir bénéficier.
Tout ceci dans le plus complet respect de la législation Européenne, bien entendu !
Remercions donc ici Madame M... de Strategialis et Monsieur A..., d'Alem diffusion qui, comme bien d'autres, travaillent à la sape des fondations de notre bienveillante société.
On en arrive donc à cette extravagance qui vaut à ces gens d'être nommés d'office membres de déshonneur du club des loufoques :
Eux, qui par ailleurs bénéficient probablement d'une couverture sociale grâce au paiement de cotisations de travailleurs réguliers, encouragent contre rémunération les entreprises à s'affranchir du paiement de ces mêmes cotisations...
Lamentables abrutis... qui paiera vos retraites et vos médicaments ? Les Chinois ?
Je propose que les auteurs de ces tracts soient assimilés en ces temps de guerre économique à des traîtres et passibles du peloton d'exécution : Madame, Monsieur, vos propositions valent à tout casser 12 balles, pas un rond de plus.
Petits trucs pour gagner l'élection présidentielle
Voyons, voyons...
Le débat traditionnel gauche-droite s'épuise mais il épuise surtout les électeurs et le nombre de participants assidus aux scrutins s'amenuise au fil des années.
Qu'alors y faire ? Comme dirait un homme politique soucieux de réchauffer l'ambiance d'une réunion électorale.
Réfléchissons un peu...
Homme (ou femme) politique d'un parti de droite ou de gauche classique, vais-je courir le risque de l'échec avec le rituel score 49-51 du second tour ? (avec des variantes d'un ou deux points que les obstinés instituts de sondages s'acharnent à partager avec l'efficacité d'un gourou d'opérette)
Le débat final est trop aléatoire, une question idiote sur le prix du kilo de pain, du ticket de transport, la valeur du SMIC... ou une phrase qui tue Le monopole du cœur... Ah, non... Trop risqué !
Il faut gagner au premier tour ! Voilà la solution ! Le pied de nez à la démocratie !
Alors, qui est à peu près sûr d'être qualifié au premier tour et certain d'être battu au second ??? Allez, je vous aide un peu... C'est une femme !
Voilà, fort de cette révélation, il va donc falloir se qualifier au premier tour... En position de premier, faut pas rêver, mais deuxième c'est bien (et ça suffit)! Bon, dans ce cas, inutile de se rassembler, divisons nous au maximum, ça augmente les chances d'être sélectionné. Ben oui, c'est quand même plus facile de faire 12% que 24, non ?
Diviser pour être plus sur de régner !
Observons : combien aujourd'hui de candidats révélés ou potentiels ?
Faisons le point :
Alain Juppé... Ah..., non, pas par ordre d'intelligence, ce serait injuste. Et en plus, il n'est pas candidat ! Non, ce serait dommage d'avoir un type intelligent à la tête du pays, surtout en ce moment. Alors prenons les postulants par ordre alphabétique :
Aubry Martine
Bayrou François
Borloo Jean-Louis
Boutin Christine
Hollande François
Hulot Nicolas
Mélenchon Jean-Luc
Sarkozy Nicolas
Strauss-Kahn Dominique
Villepin (de) Dominique
Bon, il y en a d'autres, mais ça fait 10, un compte rond, plus facile pour les calculs !
Supposons que la première qualifiée citée plus haut récolte 20% au premier tour, ce qui n'a rien d'utopique et pic et colégram, bour et bour et ratatam, ams, tram, gram.
Reste 80% à se partager en 10, soit 8% chacun en moyenne.
Il va donc falloir travailler pour ramasser un peu plus que les autres, mettons 12%, ce serait bien pour gagner cette deuxième place du premier tour.
Alors là, tous les coups sont permis :
- / Flatter l'électeur,
- / Promettre n'importe quoi (de toute façon, on dira après qu'on ne savait pas que les caisses étaient si vides, les prédécesseurs ayant gratté les fonds de tiroirs, siphonné la moindre tirelire, vendu toutes les peaux d'ours déjà hypothéquées, mais trouver une autre excuse si l'on est déjà en place),
- / Etre sympathique, faire peuple si possible et pour cela, ne pas hésiter à suivre assidûment les jeux télévisés où l'on apprend pêle-mêle comment s'appelle le petit de la vache, quel est le cri de la dinde, qui a gagné le dernier concours Eurovision de la chanson, quelle est la place d'Alou Diarra dans l'équipe de France de football, combien pèse un mètre cube d'eau, quel est le dernier à avoir gagné le tour de France ou remporté le prix Goncourt (et surtout ne pas intervertir les deux), etc…
- / Passer à la télé, se laisser brocarder avec le sourire,
- / S'imprégner du texte de Georges Brassens " Lèche-cocu ", où il suffit de remplacer les mots "mari" ou "homme" par "électeur", très didactique pour un candidat,
Et puis, pour le côté sérieux, suivre des cours du soir pour savoir au moins combien de sous-marins atomiques possède la France, quelle est le numéro de l'actuelle génération des centrales nucléaires les plus perfectionnées, quel est le prix du ticket de métro, de la baguette de pain, du kilo de sucre, du litre d'essence et de lait, le nom du président de la république du Tchad, la superficie de l'Europe, le nombre de mosquées en France, le chiffre d'affaires annuel des grands groupes pharmaceutiques, le nombre d'hyper marchés dans l'hexagone, la valeur du SMIC, l'horaire des grandes marées à l'île de Ré, le montant du péage Paris-Bordeaux et le prix du billet TGV pour Lyon, et plein d'autres petits trucs comme ça qui vous feront passer pour un héros aux yeux d'électeurs ébahis et qui se diront " Eh bien celui là, au moins, il est proche du peuple et il connaît bien les affaires… "
Et vlan, 4 ou 5 points de plus dans les sondages !
Avec tous ces conseils, si vous n'arrivez pas à 12%, c'est que vous n'êtes vraiment pas doué pour ça, changez d'orientation. Faites dans la grande distribution, par exemple, ça marche bien en ce moment.
Bon, donc vous voilà qualifié au second tour avec vos 12,16% contre les 20% de l'autre, là. Ah celle là !!! Ne vous tracassez pas, cette position avantageuse vous dispense du débat préambule au second tour, (facile à éluder élégamment, en vous drapant dans la dignité démocratique), que vous gagnerez de toute façon par environ 75 à 25.
Et hop, vous voilà président(e) légitimé(e) par 75% des voix !
Merci qui ?
Vous avez dit élections démocratiques, débat... ?? Mais on s'en fout... Le principal n'est pas d'être élu pour quelque chose... pour faire quelque chose, car au point où l'on en est... Le principal est d'être élu, et faire gagner son camp, point. Si c'est contre quelqu'un, c'est déjà un beau consensus.
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Les mouches ont changé d'âne...
Pour coller à l'actualité, suivez les mouches.
Laurent Gbagbo était couvert de mouches...
L'actualité Tunisienne a occulté la Côte d'Ivoire,
Les mouches s'envolent...
et vont se poser sur Ben Ali...
Révolte en Egypte,
Les mouches délaissent Ben Ali...
et se posent sur Moubarak.
Ça bouge en Lybie...
Les mouches sont reparties...
pour tourner autour de Kadhafi !
Tremblement de Terre au Japon,
Kadhafi est débarrassé des mouches qui ont suffisamment de cadavres au Japon pour s'occuper...
Mais ça dure... Les mouches ont peur d'être irradiées et retournent en Lybie où le climat leur est plus profitable.
Kadhafi s'agite et les mouches le quittent mais pour revenir aussitôt se coller comme autour des yeux d'un chameau. Il en a du mal avec les mouches, le colonel !
Alors de guerre lasse, les mouches quittent la Libye et retournent voir Gbagbo qui, perdant toute mesure avait vendu toutes ses moustiquaires !
Aux dernières nouvelles, le sympathique démocrate Bachar el Assad aurait fait provision de chasse-mouches... On ne saurait être trop prudent !
Soirée d'élections
Plus de 55% d'absentions ! La classe politique refusant de reconnaître le vote blanc, chacun peut à bon compte mettre ce désaveu sur le dos tour à tour du mauvais temps, de la morosité ambiante, de l'inquiétude des électeurs face à l'actualité, de l'incurie des autres...
Tant que le blanc sera exclu des couleurs politiques officiellement référencées, ce sera dommage pour la République, car cette incomplétude restreint la démocratie. Cette volonté des dirigeants de ne pas risquer d'être désavoués par cette expression et leur arrogance, est une insulte à ceux qui les ont placés là où ils sont : les électeurs.
La droite légitime ramasse une avoinée, mais son chef n'en perd pas pied pour autant : il sera dès demain au travail ! La représentante de la gauche affirme dignement la même chose, encore qu'elle rectifie en fin de propos qu'elle sera au travail avec son équipe dès ce soir. (on gagne un temps fou !) La droite plus à droite qui n'a pu conquérir tous les territoires convoités faute à un consensus politique qui lui est défavorable, (et que l'on ne retrouve qu'à cette occasion) sera elle aussi, au travail dès demain.
Les Français sont donc ravis d'apprendre que dès lundi, il y aura un monde fou au boulot. Avant, on ne s'était pas trop bien rendu compte... Mais sitôt lundi, ça va changer ! Voilà, le tout était d'attendre lundi matin, et on va voir ce qu'on va voir ! Tout le monde en ordre de bataille pour gagner les prochaines élections !
Car c'est cela qui compte au dessus de tout gagner les élections... le quotidien, le chômage, le caca dans lequel se trouve le pays suite à tous les Gandrange que l'on a dû fermer faute de trouver des solutions (payer des chômeurs vaut mieux que réduire les charges) Ahhhhhh !!! Gagner les prochaines élections !!! seul but à atteindre, semble t-il dès qu'un scrutin est clos.
Mesdames et Messieurs les politiques : On s'en fout de qui va gagner, de vos intérêts et de vos carrières, c'est la France que l'on voudrait voir gagner, et ailleurs que sur les stades en priorité. Foutez nous la paix avec vos guerres intestines et allez bosser... Arrêtez de réfléchir et agissez, c'est pour cela qu'on vous paie ! Et ayez assez de c.. au c.. pour laisser voter blanc à ceux qui en ont envie !
Histoire de voir où en est votre niveau de crédibilité... MB.
Petit hommage à Richard
Deux mots sur mon ami Richard, comme ça, en passant...
Richard, dessinateur et peintre, musicien et chanteur, poète et philosophe, cuisinier et caviste…
Richard a tous les talents, et l'on aurait beaucoup de mal à ne pas jalouser le truculent bonhomme, si ce dernier n'était de surcroît affublé d'une désarmante simplicité.
Richard n'écrase pas, il rehausse l'interlocuteur par une oreille attentive à un sujet sur lequel il en sait souvent plus que vous.
C'est ça, Richard. Richard Messyasz ! Notez bien son nom, vous ne le trouverez pas dans l'annuaire, le typographe est devenu fou en essayant de l'écrire. Lorsque Richard se fait arrêter pour un contrôle, le type au képi étant dans l'incapacité de lire et prononcer son nom, lui rend bien vite ses papiers, son passeport, et sa carte de séjour, en lui disant de garder l'alcootest en souvenir, et de déguerpir au plus vite pour céder sa place à un gars plus facile à interpeller. Non, je plaisante, pas besoin de carte de séjour, Richard a bien été déclaré, comme vous et moi, . Enfin, surtout moi, parce que vous, finalement, je n'en sais rien ; on n'a pas été présenté.
Déclaré à la douane à son arrivée, déclaré pas net par de nombreuses autorités médicales consultées, et déclaré d'utilité publique par moi-même.
Voilà Richard.
C'est mon pote…
Cauchemar d'à venir
Ils se côtoyaient à l'école maternelle, en des temps où Momo et Nanette discutaient, dans leur langage, de problèmes d'enfants de 4 ans. Et le problème d'actualité, en cette veille de fête, c'était Noël ! La question qui taraudait était : " Comment pouvait donc faire ce Père Noël pour pouvoir distribuer tous les cadeaux à tout le monde, en un temps aussi court ! " Parce qu'ils avaient quand même la notion du temps, et ils savaient bien qu'entre le moment où ils allaient se coucher, vers dix heures du soir (dérogation faite pour ce soir d'exception), et le réveil du lendemain vers 8 heures, le temps était malgré tout bien court pour faire autant de trajets et de visites… Ils voyaient bien que pour faire les courses, il fallait quand même compter tout le temps entre la sortie de l'école et le moment où il fait vraiment très nuit, et où l'on voit bien briller les guirlandes ! Et ça devait bien faire plus d'une heure… Enfin, on leur avait expliqué que le traîneau allait très vite, qu'il volait plus rapidement que les avions, tiré par des rennes plus agiles que les chevaux de la voiture de papa. Après, pour la distribution, ce Père Noël surmontait tous les obstacles de cheminées inexistantes ou obstruées, de portes ou de fenêtres fermées, d'étages inaccessibles, d'ascenseurs en panne, de maisons difficiles à trouver sans GPS, etc… Il se débrouillait de tout cela, et les colis étaient livrés avec une précision et une ponctualité qui laissaient pantois les agents des postes les plus appliqués.
Bon, admettons ! Ce postulat ressassé avait fini par être digéré par les deux enfants, même si des doutes, souvent instillés par quelques copines ou copains pleins de bonnes intentions, avaient parfois déstabilisé leur crédulité puérile. Mais les parents étaient formels, le Père Noël surmontait tous les obstacles, un point, c'est tout.
Et puis Noël est passé, et le retour à l'école a fini par révéler le subterfuge que les parents ont ensuite avoué : ce n'était pas vrai, cette histoire de Père Noël ! Un gros mensonge, un mélange de blague et de conte de fées pour faire plaisir aux enfants et amuser les parents. Ils avaient été beaucoup déçus sur le coup, puis s'étaient rapidement habitués à cette idée, et avaient maintenant la sensation d'avoir franchi une étape dans la vie, d'être plus grands, dans leurs confidences, puisqu'on leur avait bien dit de ne pas le répéter aux plus petits !
Evidemment, comment avaient ils pu se laisser berner aussi longtemps par des histoires pareilles… ça ne tient pas debout si on y réfléchi bien. Faire autant de cadeaux en si peu de temps, être partout à la fois, connaître les adresses de tout le monde et les désirs secrets de chacun… Invraisemblable !
Un peu plus tard, Momo et Nanette, dans leurs familles respectives, ont commencé à recevoir quelques préceptes autrement plus sérieux. Momo, son papa allait à la mosquée, alors que pour Nanette, c'est à l'église qu'on se rendait pour écouter d'importantes révélations.
On y apprenait Que des Dieux barbus, ressemblant d'ailleurs un peu au Père Noël, dictaient tout un tas de lois qu'il ne fallait pas trop transgresser, sous peine de sanctions pouvant aller à la récitation d'une prière expiatoire à la damnation éternelle, qui laissait alors augurer de bien des soucis.
Les parents réciproques de Momo et Nanette, s'ils se saluaient poliment jusqu'alors tandis que faisant la queue à la boulangerie les deux enfants échangeaient des rires complices, évitaient maintenant soigneusement de se croiser, changeant de trottoir au besoin ou attendant que la file d'attente de la boulangerie se résorbe un peu pour éviter un contact préjudiciable au regard du voisinage de chacun d'eux.
Le papa de Momo expliquait à son fils que Dieu était très bon, juste et tout ça, tandis que celui de Nanette expliquait à sa fille que Dieu était très bon, juste et tout ça.
Mais ce n'était pas le même !
L'un avait une barbe noire, l'autre une barbe blanche.
Celui qui avait une barbe noire n'était pas pour autant un pirate, mais il n'aimait pas, à ce que l'on disait, qu'on le dessinât ! Un peu de katagélophobie ou de Scopophobie peut-être ? L'autre n'avait rien contre, apparemment, mais il avait laissé son fils préféré, à ce qu'on disait, se faire lyncher par la foule sans intervenir, ce qui n'était pas très gentil de sa part.
Les dignes représentants du premier trouvaient normal que l'on s'amuse à jeter des pierres sur des femmes jusqu'à ce que mort s'ensuive pour se distraire, alors que les dignes représentants du second avaient trouvé normal d'immoler par le feu ceux qui avaient osé prétendre que la Terre tournait autour du soleil, alors que l'on apprenait le contraire aujourd'hui dans les écoles.
Momo et Nanette avaient trouvé curieux, tout d'abord, que l'on démonte si facilement la belle histoire du Père Noël, au prétexte que tout cela ne tenait pas debout " enfin, tu es grand maintenant, réfléchi un peu… comment un seul homme pourrait-il faire tout cela tout seul ? " Evidemment, pas facile à croire… Et que l'on doive ensuite apprendre très sérieusement, avec des hommes strictement vêtus pour la circonstance, des histoires encore plus invraisemblables de divinités régnantes, mais invisibles, d'archanges ailés, de gens faisant toutes sortes de tours de magie sans trucages, appelés miracles… Tout cela sans que personne, apparemment, n'en n'ai la moindre preuve, en tout cas, pas plus que pour le Père Noël !
Tout cela n'était pas très cohérent ni très clair dans l'esprit de Momo et Nanette qui grandissaient…
Ils trouvaient également bizarre cette ferveur pour des Dieux dont finalement on parlait beaucoup sans les voir souvent. Mais qui étaient tout, et dans tout, affirmaient les parents respectifs, qui eux-mêmes s'en assuraient auprès des dignes représentants dont on a déjà parlé.
En fait, Momo et Nanette avaient l'impression que les parents croyaient tout cela pour ne pas passer pour des andouilles auprès de leurs proches, qui eux-mêmes en faisaient autant, probablement pour les mêmes raisons. Ils s'étaient donc dit qu'afin d'éviter de passer eux aussi pour des anormaux, il valait mieux, pour le moment du moins, faire comme les autres et sacrifier aux rites en vigueur dans la famille.
Et puis Momo et Nanette continuèrent à grandir, et leurs habitudes avec eux. Ils se virent de moins en moins, ayant été séparés par des écoles et des églises différentes.
Le temps passa.
Momo vit les regards s'assombrir lorsqu'il montait dans l'autobus, et un jour où il y rencontra Nanette, il vit bien qu'elle ne le regardait plus de la même façon. Juste un petit sourire lointain, comme l'était son enfance.
Nanette se félicitait d'être tombée sur un Dieu à barbe blanche qui ne lui imposait pas de se dissimuler derrière des fripes, ce qui faisait d'ailleurs un peu démodé. Mais elle savait bien que si l'on ne choisit pas sa famille, il en est souvent de même pour son Dieu. D'ailleurs, en avait-elle besoin ? Elle, pas vraiment, mais il y avait la famille !
Pareil pour Momo, finalement il avait plus besoin de trouver un petit boulot sympa, que d'aller faire ses dévotions avec les copains du quartier. Mais il se disait aussi que ce Dieu à barbe blanche derrière lequel se rangeaient tant de monde, dont des gens très haut placés, était bien indulgent envers ceux-ci, lorsqu'on les voyait aller de l'église au tribunal, sans passer par le confessionnal, ou juste pour dire…
Il en avait un peu marre de ces histoires, ces Dieux le barbaient.
Le temps passa encore.
Momo ne revit plus jamais Nanette qui avait déménagé pour un quartier plus calme.
Il avait entendu dire qu'elle avait épousé un type qui avait une bonne situation et dont le frère aîné était évêque, en province. Lui s'était marié avec une jeune fille fraîchement arrivée d'Iran, où ça n'allait pas fort, pour trouver ici ce qui paraissait lui manquer là bas…
Et le temps passa, passa…
Ils eurent chacun des enfants qui eurent des enfants…
Et un jour, deux des leurs se retrouvèrent sans le savoir, dans la même rue, par hasard, sans que jamais ils ne le sachent, et sans que jamais ils n'aient la possibilité de s'en étonner.
Ils couraient tous les deux, dans la même direction, apeurés, fuyant un grondement terrible qui semblait monter des entrailles de la terre… Alors un vent mortellement brûlant balaya ce qui leur restait d'avenir et d'espoirs, et en même temps que toute la vie, le paysage asphyxié devenu le décor de leur course maintenant figée.
Rien ne restait nulle part, ni des hommes, ni des Dieux. Ces derniers n'ayant plus d'adeptes durent repartir pour d'autres mondes.
Le temps passa, et passa encore, et la Terre fit des centaines de millions de fois le tour du soleil, sans qu'un chant d'oiseau ne se fit entendre, et sans qu'un témoin ne puisse compter ces longues et inéluctables révolutions.
Puis un jour, l'eau claire coula... Le sol verdit, et des êtres rampants et grouillants se multiplièrent jusqu'à ce que l'un d'eux, debout, regardant au ciel du soir une face ronde et brillante, y voit l'image d'une Divinité qu'il dessina maladroitement sur les murs d'un abri précaire, avec la barbe blanche qu'il découvrait sur son propre visage, quand l'eau lui renvoyait son image.
A quelques jours de là, un autre être, semblable à celui là, dessinait aussi sur une roche dure l'image d'une peur pour l'exorciser. Un visage, comme le sien, comme l'autre, comme il le pensait. Mais ce visage avait une barbe noire.
Et tout recommença.